LE PROJET
Après avoir été contacté par Monsieur Samy LADKI, architecte chef de projet travaillant pour VerbierCentres, à Verbier, en Suisse, l’équipe m’a confié un premier projet de réalisation de voûte pour la galerie d’art puis une partie de l’aménagement du caveau de dégustation, suivi de tous les plans de travail et ossatures des mobiliers de la grande cuisine.
Fort de ces réalisations, le projet exceptionnel de l’élaboration de la mosaïque de la piscine m’est confié !
Il s’agit d’aménager un vaste espace destiné à devenir à la fois piscine et salle de danse. Tout l’enjeu est là : créer deux lieux en un et parfaire un niveau déjà riche d’une galerie d’art, d’un caveau, d’une salle de projection, d’un spa et d’un hammam…
L’idée de l’architecte est de créer une piscine dont le sol, amovible, peut être relevé afin de devenir une piste de danse, à la manière d’un tapis jeté au sol !
Je suis intervenu une fois ce sol amovible posé et le défi pour moi a été d’y faire tenir 75 000 carreaux de mosaïque, de créer un dessin original et digne du lieu, de maîtriser l’art de la mosaïque tout en me pliant aux contraintes techniques d’une piscine.
1ère étape : le dessin
En travaillant avec l’architecte Samy LADKY, celui-ci m’a suggéré ce motif de dragon qu’il avait en photo dans son I-phone. C’est une ornementation que l’on peut voir au musée Bagatti Valsecchi à Milan, musée rassemblant des collections de la Renaissance italienne.
J’ai donc reproduis la moitié de cette photo à échelle 1 (40 m²) sur une toile posée à même le sol de l’atelier, puis par photomontage, créé la totalité du dessin.
Pour les motifs ornementaux qui se répétaient, fleurs, dragons, rosaces, j’ai élaboré des patrons en papier calque. Carte blanche m’a été laissé dont la seule contrainte était de ne pas reproduire un dessin initialement trop bourgeois mais de donner du sens à ce dessin dans le chalet que l’architecte était entrain de créer. Rapidement les fleurs de Lys font place à une ornementation que nous avions déjà définie sur les voûtes de la galerie d’art.
Étape finale de l’esquisse: poser l’œuvre sur son châssis. Mes grands gabarits sont répartis sur le support du fond mobile de la piscine afin de constituer le dessin intégral qui allait servir de base à la mosaïque.
2ème étape : De l’œuvre à la réalisation : la pose de la mosaïque
Après avoir fait des essais avec du marbre, peu concluants car le marbre ne résiste pas au brome (produit de traitement de l’eau de piscine alternatif au chlore), notre choix s’est porté sur ces carreaux de granit noir, gris et blanc, au total 75 000 carreaux de 2 X 2 cm, collés sur un support en inox à la résine époxy, avec des joints également en époxy. Les trois couleurs de carreaux ont été testé pendant trois mois dans un bain de brome et a parfaitement résisté.
Il m’a fallu au total 5 semaines de travail rien que pour la pose.
Adapter des carreaux, aussi petits soient-ils, à un dessin fait de courbes et de volutes n’est pas chose facile ! Aucune droite n’était permise ce qui m’a demandé de retailler environ 30 000 carreaux afin de rendre le plus précisément possible les lignes des différents motifs.
Questions techniques
Afin de ne pas dénaturer l’ensemble de ce tapis de mosaïque le plus compliqué a été d’adapter le décor aux marches et contre-marches de la piscine qui devait se déplier au fur et à mesure que le sol descend sous le niveau de l’eau. La souplesse du support inox allié à la résine époxy permet cette prouesse technique et la mosaïque reste la même qu’elle soit au fond de la piscine ou sous nos pieds ! Il a été difficile d’ailleurs de trouver le bon produit, qui ait cette souplesse tout en résistant à un milieu agressif.
Une histoire d’homme
Je n’aurais pu mener à bien ce projet sans la confiance dont m’a honoré Samy LADKI et notre travail en étroite collaboration. Samy LADKI confie d’ailleurs « Sans cette rencontre avec Serge Moret; une rencontre entre deux passionnés qui guident leurs mains avec le coeur, la réalisation de ce projet aurait été sans âme. L’âme est la chose la plus dure a donner à un objet: Serge m’a offert ceci et je l’en remercie».
Cela a été pour l’un comme pour l’autre un challenge de chaque instant dont nous sommes ressortis victorieux et fiers.
Le Chalet Trois Couronnes a été élu plus beau Chalet du monde en 2013, comme le dit Samy LADKI « c’est certainement grâce à cette piscine unique… »
Et je n’oublie pas non plus toute l’équipe de VerbierCentres qui ont su créer ce climat de confiance et laisser l’artisan devenir artiste !